Cynergia | Corps, image, forces, interaction

avec la collaboration technique de Stéphane Bœuf, Nicolas Castagné, Nicolas André et Delphine Passinge
Logiciels MIMESIS et Gravure Dynamique, chaussons interactifs

FR

Cynergia combine en temps réel la danse et l’image animée, en interaction à partir des mouvements du danseur. Le système développé dans le projet Cynergia mobilise la perception kinesthésique d’un sujet et l’invite à prendre conscience de son schéma corporel.

L’idée de Cynergia, grâce à l’utilisation des logiciels de l’ACROE-ICA qui permettent des modélisations physiques du mouvement, est de faire le lien entre les perceptions proprio-kinesthésiques que le danseur a de son propre corps, et des représentations visuelles de ces perceptions. De telles représentations s’étaient avérées impossibles avec les outils de synthèse d’image traditionnels en ce sens que ceux-ci conduisent à des représentations plus figuratives et incluent peu — voire pas du tout — les notions de forces, d’énergie, de proprioception ou de kinesthésie. Il y a quelques années, la rencontre entre Bénédicte Adessi, plasticienne et performeuse, et Annie Luciani a permis d’ouvrir de nouvelles voies de recherche technologique et artistique pour tenter de répondre à la question :

Comment rendre plus intelligibles par le spectateur les mouvements d’un corps dansant, en particulier en y associant la perception et la représentation visuelles ?

Le système développé pour le projet Cynergia est composé de trois éléments : des capteurs de forces placés sous les pieds, des modèles physiques réalisés avec MIMESIS et qui sont contrôlés par ces capteurs de forces, et une trace visuelle, également obtenue par modèle physique, des mouvements générés par ces modèles. Les capteurs captent la pression des pieds en appui sur le sol, et rien d’autre. Le modèle physique réalisé avec MIMESIS est une sorte de corps-métaphore virtuelle en terme de masses et d’interactions du ressenti du danseur. C’est le danseur qui réalise ses propres modèles et, dans Cynergia, Bénédicte Adessi en a réalisé plusieurs. La visualisation par modèle physique fonctionne dans le champ visuel comme un écho sonore au sens où elle renvoie une interprétation par un milieu physique des gestes interprétés par le corps-métaphore virtuelle du ressenti corporel. C’est également le danseur — ici Bénédicte Adessi — qui développe les modèles physiques de visualisation.

Cette situation permet au danseur d’extérioriser son schéma corporel, c’est à dire ce qui se passe à l’intérieur de son corps, dans la mobilisation maîtrisée et mémorisable des schémas sensori-moteurs qu’il met en œuvre dans l’exercice du mouvement dansé. Il permet à quiconque qui jouerait des chaussons interactifs face à l’écho visuel de cette émission de forces, de prendre conscience de son schéma corporel. Celui-ci met l’accent sur les appuis plutôt que sur les déplacements corporels : comment appuyer ou alléger sans déplacement visible, ou si peu, comment transférer son poids sans presque bouger ou si peu, etc. Il s’agit donc plus d’intensité que d’extensivité.

EN

With the technical collaboration of Stéphane Boeuf, Nicolas Castagné, Nicolas André and Delphine Passinge
MIMESIS software and Dynamic Engraving, interactive slippers

Cynergia combines dance and the interactive computer animation in real time. The Cynergia framework focuses on the kinesthetic perception inviting the people to be aware of his body patterns.

The aim of Cynergia is to implement a sensitive relationship between the proprio-kinesthetic perceptions that the dancer has of his own body, and visual computer – generated representations. Such representations do not fall easily within the framework of computer image synthesis that is more morphologically realistic and not sufficiently focuses on the notions of forces, energy, proprioception or kinesthesia. A few years ago, the meeting between Benedicte Adessi, a visual artist and performer, and Annie Luciani opened up new ways of technological and artistic research in an attempt to answer to the question:

How can the movements of a dancing body be made more intelligible by the viewer, especially by associating body perception and adequate visual representation?

The system developed for Cynergia is composed of three elements: force sensors placed under the feet, physical models designed with MIMESIS that are controlled by these force sensors, and a visual trace of movements generated by these models also obtained by physical model. Sensors acquire foot pressure on the ground. The physical model made with MIMESIS plays as a virtual body-metaphor in terms of masses and interactions of the dancer’s feelings. The dancer creates his own models. Benedict Adessi made several. It is also the dancer — here Benedicte Adessi — who develops the physical models of visualization.

By this way, the dancer is able to externalize his inner body representation, that is to say what it happens inside his body. It allows anyone who plays interactive slippers in front of the visual echo showing the forces, to become aware of his body pattern. It focuses on forces and energy rather than spatial body movements: how to press, how to transfer weight without apparent motions, etc. So it’s more about intensity than spatiality.